Vers la fin du XIXe siècle, Édouard Lucas a trouvé le moyen de faire du calcul modulo 7 avec l'échiquier de Neper. Modulo 7, ça veut dire qu'une fois la multiplication effectuée, on divise par 7 (division euclidienne) et on ne garde que le reste. Ce reste est nul si et seulement si le produit est divisible par 7.

Calculs modulo 7

Pour calculer 3×2, on dispose les pions ainsi :

  • L'averse à 45° de Neper ne fait bouger que le pion du haut puisque celui du bas est déjà en bas. On obtient alors ce produit :

  • Effectivement, le nombre représenté en bas est 4+2+0=6 et on a bien 2×3=6. En fait, en effectuant la division euclidienne de 6 par 7, on a un quotient nul et un reste de 6: L'égalité 2×3=6 reste vraie modulo 7.

    Mais si on veut effectuer 2×4, on a un problème de place (8 est plus grand que 7, et la division euclidienne de 8 par 7 donne un reste de 1, donc modulo 7, 2×4=1):

  • Le pion ne peut pas aller à 45° vers la gauche parce que ça le ferait sortie de l'échiquier. Dans ce cas, Édouard Lucas propose cette règle :

    Lorsqu'un pion sort de l'échiquier par la gauche, il revient par la droite

    Le produit 2×4 devient alors

  • Effectivement, modulo 7, 2×4 vaut 1 parce que 8=7+1. Si on veut maintenant calculer 3×3 modulo 7 :

  • Après l'averse à 45°, aucun pion n'est sorti par la gauche. En effet le pion le plus à gauche est en position "4". Mais il y a deux pions de 2g, et lorsqu'on veut les remplacer par un pion de 4g, on aboutit à 2 pions de 4g, et lorsqu'on veut remplacer à leur tour ces deux pions de 4g, par un seul, ce n'est pas de 8g puisqu'il n'y a pas de case à 8g: Ce pion sort par la gauche (même si ce n'est pas à 45°), et revient par la droite. Alors il reste deux pions de 1g, que l'on va remplacer par un pion de 2g:

  • Vérification sans le binaire: 3×3=9, et 9=7+2: La division euclidienne de 9 par 7 donne un reste de 2. Modulo 7, on a donc bien 3×3=9.

    4
    2
    1
    421
  • Table de multiplication modulo 7

    ×0123456
    00000000
    10123456
    20246135
    30362514
    40415263
    50531642
    60654321

    On peut se servir de cette table pour s'exercer (effectuer les multiplications modulo 7) sur l'échiquier, puis vérifier le résultat dans le tableau). En particulier, pour la suite, s'exercer à calculer des carrés. Et plus particulièrement, une opération importante pour Édouard Lucas est la soustraction de 2 à un carré.

    x0123456
    x²-25620026

    Le fait qu'en partant de 4, on aboutisse à 0 (échiquier vide) illustre l'algorithme de Lucas-Lehmer pour tester la primalité d'un nombre de Mersenne (du type 2p-1 où p est premier) comme ici, 7=23-1. Voici comment fonctionne l'algorithme :

    On prend le nombre 4 comme nombre de départ; puis on répète p-1 fois au maximum l'opération consistant à

    1. élever le nombre au carré modulo 2p-1;
    2. soustraire 2 au résultat.
    Si, à un moment, l'échiquier est vide, c'est que 2p-1 est premier.

    Ici dès la première itération, l'échiquier est vide donc 7 est bien un nombre premier. L'algorithme est plus efficace que le recherche de diviseurs potentiels de 2p-1 lorsque p devient grand (ici p=3 n'est pas vraiment grand). Voir les cas où